Il va être temps de ramasser des châtaignes

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Poent eo mont da gistina
Il va être temps de ramasser des châtaignes
Lorsque l’on voit les pies construire leurs nids au sommet des peupliers, des mauvaises langues racontent que l’inquiétude est grande dans une certaine île de Beauté du sud de la France. En effet, c’est signe qu’il n’y aura pas beaucoup de vent au cours de l’année. Autrement dit, la récolte de châtaignes ne sera pas bonne, car elles ne tomberont pas toutes seules. C’est une blague, bien sûr, du style de celles que l’on entend en France à propos des Belges ou en Angleterre au sujet des Irlandais. Ainsi se font les réputations.

Chataignier
Chataignier

En Bretagne, les châtaigniers font également partie du paysage mais, du vent, on n’en manque jamais. Alors pas de problème, même pour ceux qui trouvent que la terre est basse. D’ailleurs, autrefois, c’étaient souvent les enfants qui étaient chargés d’aller faire la cueillette. Donc, c’est moins difficile pour eux car ils sont plus près du sol. Hier encore, les châtaignes faisaient partie de l’alimentation en hiver. C’est pourquoi on a conservé dans les mémoires des dictons forgés par les anciens pour prévoir si la saison des châtaignes sera bonne ou non :
Quand il pleut le jour de Sainte-Anne,
Y n’vient point d’chatañgnes.

Les bretonnants ont aussi leur version, même si les dates ne correspondent pas. Dans les deux cas, c’est encore une fois la pluie qui est en cause.
Pa vez glav da c’houel Madalen
A vrein ar c’hraoñ hag ar c’hesten.
Quand il pleut à la Sainte-Madeleine,
Pourrissent noix et châtaignes.

La pluie, toujours la pluie. Quand elle tombe, on s’en plaint, quand il fait sec, on en réclame. Il est difficile de contenter le monde, an dud zo diaes da gontantiñ !

Autrefois, quand on n’avait pas « plus belle la vie » pour se distraire les longues soirées d’hiver, on se rassemblait autour de la cheminée pour se réchauffer avant d’aller au lit et chacun y allait de son histoire, chacun disait son mot, pop hini lâre e damm. Entre un conte et un chant, certains posaient des devinettes et la châtaigne figurait au répertoire. En voici une :
Un tad uhel, ur vamm gruel, div vagerez rouz hag ur bugel gwenn, petra eo ?
Le père haut, la mère cruelle, deux nourices brunes et un enfant blanc. De quoi s’agit-il ?
Ce sont le châtaignier, la bogue, deux châtaignes brunes et une châtaigne blanche.

On remarque en effet trois châtaignes dans la bogue, celle du milieu est souvent comme avortée, par manque de place, toute mince et blanche. On l’appelle la vieille en breton, ar wrac’h. La mère qui porte les enfants dans son enveloppe est cruelle car hérissée de piquants. Qui s’y frotte s’y pique. C’est pourquoi on appelle « bogue naire » une personne qui a le caractère épineux.

La devinette qui précède et qui ne manque pas de piquant ressemble bougrement à sa correspondante gallèse mais ce n’est peut-être qu’une coincidence : Haut père, Rude mère, Bon enfant, Qui est dedans ?

Chataignes
Chataignes

C’est encore la châtaigne, bien sûr. Ces fruits gracieusement produits par la nature sont déjà mûrs en certains endroits.
Ne manquez pas d’aller en ramasser dans les bois ou en bordure des champs mais attention aux maux de reins… et aux chasseurs !

DG