A vos bêches et vos binettes, A vos râteaux et vos raclettes – D. Giraudon

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Bêche rouillée
Bêche rouillée

Le froid qui a sévi pendant les premières semaines de Janvier et qui a frappé de plein fouet les limaces et autres loches sera considéré par certains comme salutaire pour le jardinage. Il nous a juste manqué un peu de neige en décembre car comme chacun sait : Erc’h er bloaz kozh a dalv teil, la neige dans la vieille année vaut du fumier.
Maintenant, on attend que Février joue son rôle, c’est-à-dire qu’il continue à alimenter les sources en nous apportant de la pluie comme le confirment les jardiniers du pays gallo :
L’iau de février
Vaut le jus de fumier.

Il faut en effet se préparer au vent desséchant de mars, skarin veurzh.
Les anciens paysans bretonnants le savaient bien qui affirmaient :
Miz C’hwevrer a garg ar fonjer Le mois de Février remplit les fossés
Miz Meurzh a skarzh nehe. Le mois de Mars les vide.

Tout en étant le plus petit des mois du calendrier, Février sait se montrer redoutable. Il ne manque pas d’agressivité lorsqu’il s’adresse à Janvier :
Ma mije ar pouvoar az-peus te, Si j’étais aussi fort que toi
Me lakafe ar pod da skornañ war an tan. Je ferais geler la marmite sur le feu.

La célébration de la Chandeleur qui marque la présentation de Jésus-Christ au Temple et la purification de la Vierge n’est pas qu’un jalon de l’histoire religieuse. C’est aussi une date importante dans les prévisions météorologiques populaires. En effet selon un dicton bien connu :
A la Chandeleur
L’hiver perd pied ou reprend vigueur.

Mais comment le savoir ? Écoutons encore les anciens et observons bien le ciel. Voici ce qu’on en dit à l’est du département :
Quand la chandeleur est cleur,
L’hiver est derrieur !

Prudence étant mère de la sûreté et connaissant bien les soubresauts et les caprices des éléments l’expert en météo ajoute :
– Oh, cleur, sombre ou non,
Il en reste toujours un p’tit horbillon.
C’est-à-dire qu’il ne faut pas avoir trop de certitudes en la matière. Une fois ça marche, une fois ça marche pas. Avec une telle remarque, le risque de se tromper est ainsi moins grand.

En Trégor, on se fie au blaireau pour y voir plus clair : Da ouel ar Chandelour ma deu ar broc’h e-maez e doull ha ma vez sklaer an heol ac’h a war e giz ba’ e doull hag a chom daou ugent devezh c’hoazh. Kar ar goañv a bad daou-ugent devezh c’hoazh, le jour de la Chandeleur, si le blaireau sort de son trou et si le soleil brille, il y retourne et il y reste encore quarante jours pendant lesquels l’hiver sévit encore. Autrement dit, une Chandeleur claire et c’est quarante jours supplémentaires de temps hivernal.

En fait, certaines mauvaises langues de notre région prennent le blaireau pour un fainéant et prétendent qu’il sort de son terrier pour implorer le ciel de prolonger l’hiver et ainsi retourner aussitôt se mettre au chaud : Pa vez tomm an heol an deiz kentañ a viz C’hwevrer a deu al lous er-maez eus e doull da c’harmat d’ar goañv da donet, quand le soleil chauffe (brille) le premier février, le blaireau sort de son trou pour pleurer en demandant à l’hiver de revenir.

Une chose est sûre et ce qui ravit tout le monde, les jardiniers en priorité, c’est que les jours allongent sérieusement à partir de cette date :
Hanter genver, un eur deiz, A la mi-janvier on gagne une heure de jour
Gouel ar Chandelour gwir a vez. Mais c’est plutôt vrai à la Chandeleur.

A la Chandlou, Y a du jour pour tout

Effectivement, on finit par y voir plus clair. Alors, mains vertes, à vos bêches et vos binettes, à vos râteaux et vos raclettes.

DG