Résumé de la conférence faite par Denis Pépin à l’espace Sainte-Anne, le vendredi 2 juin 2017. http://www.jardindespepins.fr/
Actuellement les produits phytosanitaires sont en vente dans les jardineries sous contrôle des vendeurs. A partir de 2019, ils seront purement et simplement interdits d’utilisation. Nous devons donc dès maintenant utiliser des solutions alternatives pour se débarrasser des indésirables…
Toutefois, il ne faut pas oublier que ces herbes spontanées ont aussi un rôle à jouer dans l’écosystème. Elles sont très utiles pour les insectes auxiliaires et butineurs ; elles sont là dès le début du printemps et leur assurent gîte et couvert. De ce fait, ces insectes pouvant se nourrir et se reproduire rapidement et seront prêts à intervenir bien plus efficacement sur les colonies de pucerons et autres parasites dès que ceux-ci pointeront leur nez.
Certaines indésirables sont même indispensables telle l’ortie qui accueille les chenilles de très beaux papillons comme le vulcain,
le paon du jour, la petite tortue, la belle dame et donc l’éradiquer complètement reviendrait à voir disparaître ces superbes insectes (article sur http://urticamania.over-blog.com/article-les-papillons-de-l-ortie-51552283.html). Un compromis peut exister en laissant, sous surveillance, un coin de jardin ou des talus un peu sauvages. Et puis on peut ajouter que, côté esthétique, il existe de belles indésirables qui ne déparent pas vraiment avec les plantes de nos jardins d’agrément…
Les solutions pour contrôler ces herbes diffèrent quelque peu suivant le lieu concerné : le potager, le jardin d’ornement, les terrasses/allées/entrée garage, le jardin d’ornement, la pelouse.
LE POTAGER
La première chose à NE PAS FAIRE : travailler la terre en utilisant un motoculteur. L’engin va couper en tronçon les racines de rumex, chiendent, liseron et compagnie et donc les multiplier… Il vaut mieux décompacter la terre à la grelinette et ôter les racines au fur et à mesure, votre patience sera bien récompensée !
Astuce : quand un coin de votre potager est particulièrement infesté de liseron par exemple, vous pouvez mettre un géotextile en double épaisseur, le laisser longtemps et arroser régulièrement. Il va s’épuiser à vouloir sortir de terre et vous devriez ainsi en venir à bout.
A la base, le potager demande beaucoup de planification et d’anticipation. Cela permet notamment de pratiquer le faux semis. On prépare finement la terre 3 ou 4 semaines à l’avance et on arrose puis on sarcle toutes les indésirables sorties de terre ; on peut ensuite semer. Une étude a montré que le faux semis pratiqué une fois permettait de réduire les indésirables de 40% ; si on le faisait 2 fois, on les réduisait de 56% et 3 faux semis réduisaient de 71% les herbes…
Il est préférable de faire ses semis en ligne et non à la volée. Il est plus facile de sarcler puis de pailler pour empêcher la pousse des mauvaises herbes.
Le paillis présente de nombreux avantages pour les soins apportés à la terre. :
– Il évite donc la pousse des mauvaises herbes
– Il empêche la formation d’une croute de battance provoquée par les pluies et donc l’asphyxie du sol
– Il garde la fraîcheur
– Il nourrit la terre et garde une souplesse due au travail des vers de terre
– Il permet de garder les légumes propres en évitant les éclaboussures de terre lorsqu’il pleut
– Il prévient des maladies engendrées par ces projections de terre
– Il évite l’érosion des sols
– Il protège du gel et de la chaleur (au-dessus de 40°, la vie disparaît dans le sol, pas trop courant en Bretagne).
Le paillis est à enlever en fin d’hiver pour que la terre puisse se réchauffer puis on en remet à partir d’avril, mai.
Astuce : certains légumes peuvent être coiffés par un pot au fond découpé pour éviter que le paillis étouffe le légume.
On peut pailler avec de la tonte de pelouse sèche. Si on est un peu pressé, la pelouse peut être étalée fraîche mais en couche très fine pour éviter la formation d’une croute étanche.
On peut compléter avec les déchets végétaux, les fleurs fanées et les fanes des légumes après cueillette, les feuilles mortes tendres, les fougères. Le BRF et la paillette de lin sont plus longs à se décomposer.
On peut aussi semer de l’engrais vert sur une parcelle de votre potager après récolte, le laisser pousser puis le couper et couvrir la terre jusqu’aux prochains semis.
LE JARDIN D’AGREMENT
Pour éviter tous les problèmes d’une terre à nu vus précédemment, il est judicieux de couvrir vos parterres en permanence toute l’année par des déchets comme la pelouse sèche, du BRF. Les tailles de rosiers ou d’arbustes peuvent être réduites en morceaux en les passant sous la tondeuse. Le thuya peut aussi être utilisé en paillis sans aucun problème pour la terre.
Astuce : pour éviter que les feuilles ne s’envolent avec le vent, il est préférable de les passer aussi sous la tondeuse. Photos ci-dessous de Pierre F.
Une autre astuce : il est intéressant de décaisser de quelques centimètres le bord du massif pour que le paillis reste en place.
On peut aussi choisir d’employer des plantes couvre-sol pour empêcher la pousse des herbes indésirables en évitant toutefois certaines envahissantes comme l’herbe aux gouteux ou la pervenche… Une autre méthode, l’association judicieuse de plantes étagées permet de priver de lumière les herbes au niveau du sol.
TERRASSE – ALLEES – ENTREE GARAGE
Dans les allées gravillonnées, il est intéressant de ratisser régulièrement pour empêcher les jeunes pousses de s’ancrer mais si le mal est fait, il faut passer le sarcloir qui coupe les racines et fait dessécher les plantes.
Humifère, Plounévez-Moëdec (22).
Ce pousse-pousse, équipé ici d’un sarcloir, conçu pour le maraîchage mais de plus en plus prisé en espaces verts ou en horticulture, a été conçu avec un centre de gravité assez haut qui, associé à une roue de 20 pouces, permet de réduire l’effort à apporter.
Cet outil a été entièrement créé en acier galvanisé. Les pièces sont facilement interchangeables.
Informations sur le « pousse-pousse » en consultant le lien suivant : http://www.humifere.fr/index.php/categorie/la-houe-maraichere-ou-pousse-pousse
Un dispositif de prêt est en place sur le bassin versant « Vallée du Léguer », vous pouvez donc contacter si vous souhaitez, dans un premier temps l’emprunter :
Aline RICHARD
Technicienne actions non agricoles
Pôle eau & environnement
Tél : 02 96 05 09 24
Balayer les bords des allées évite aussi la création d’humus, base de semis sauvages.
Entre les dalles, on peut utiliser un couteau à désherber, une binette, un racloir de bordure duopro en forme de triangle en métal.
L’emploi d’eau bouillante permet aussi de se débarrasser des indésirables, tout comme le désherbeur thermique. Le choc de chaleur sur le feuillage provoque leur élimination et il n’est pas nécessaire de mettre beaucoup d’eau ou de rester longtemps à bruler le feuillage. Le vinaigre n’agit que sur le feuillage des plantes annuelles et aucunement sur les racines coriaces ; il ne faut pas en abuser pour le sol.
Pour faciliter l’entretien, on peut aussi poser les dalles à joints larges et engazonner, la tondeuse faisant le reste.
La pose de géotextile est une méthode préventive efficace à condition de le choisir très épais de l’ordre de 100 gr/m² ; on peut le recouvrir ensuite de gravillons, de BRF ou d’éléments décoratifs comme la fibre de coco, les paillis colorés par exemple.
Comme l’idée de base est d’occuper le terrain avant les indésirables, on peut semer le long des murs de la valériane, des roses trémières, des érigerons ou toute autre fleur qui nous évitera la corvée de désherbage et nous gardera le sourire.
LA PELOUSE
Il faut profiter de chaque tonte pour enlever à la gouge ou au couteau fiskars les plantes adventices comme les pissenlits ou les rumex. Quant aux pâquerettes, c’est à chacun de déterminer son seuil de tolérance…
Après désherbage ou scarification qui peuvent laisser des zones à nue, il est nécessaire de semer du gazon pour ne pas laisser la place à nouveau aux plantes envahissantes. On épand un peu de terreau ou de compost fin avant le semis pour améliorer la terre puis un arrosage et le gazon est restauré.
La hauteur de coupe de la pelouse a son importance. Si elle est coupée trop courte, de nombreuses indésirables vont s’installer. Ainsi avec une hauteur de coupe de 3,5 cm, 50% de pissenlits auront la possibilité de s’établir. Si on monte à 5 cm, les pissenlits eux, n’ont plus que 5% de chance de pousser et à 6,5 cm, ils n’ont plus que 1% de possibilité de s’installer. Ça vaut le coup de tenter l’expérience !
Cela permet aussi d’avoir moins de mousse et de bêtes indésirables et il se dessèche moins en été. Pour donner un petit coup de pouce à la pelouse, il est bon de la scarifier une à deux fois par an, de lui apporter un peu de compost, de l’or brun ou un engrais organique, régénérateur de terre. JGG
Dans la bibliothèque de JPL :